Stéphane Quoniam

Peignant sur les pages chinées d’un vieux registre cadastral, Stéphane Quoniam égrène les jours, depuis juin 2012 jusqu’à ce mois d’avril 2020 où une grande partie de la population mondiale s’est vu brusquement confinée.

L’exposition présente 122 pages aquarellées. « Comme un journal » pourrait offrir l’illusion d’un carnet empli d’impressions de voyage, ou rappeler le souvenir de ces cahiers d’écolier dans lesquels la poésie, une fois recopiée, invite au plaisir de l’illustration. Les couleurs vives, les contours déliés, les cadres tracés à main levée pour jouer avec la page quadrillée du registre, le dessin sciemment descriptif : tout est trompeur. Nulle innocence chez Quoniam. La destruction de Palmyre, le massacre du Bataclan, le cimetière de lunettes assemblé par les Nazis disent la monstruosité des hommes et leur recours permanent à l’amnésie. L’artiste s’efforce de conjurer l’oubli. Puisque les cadastres existent, puisqu’il faut consigner, tant les jours que les titres de propriétés, alors consignons les guerres renaissantes, les mensonges maintenus, la nature ravagée, les consciences piégées.